La transformation du bois se met au vert

14 12 2022
Clément Cygler
Neofor

Auto-alimentée et quasi-autonome en énergie thermique et électrique, la future usine de production de panneaux de bois de Neofor se veut vertueuse et surtout décarbonée. Au centre de ce projet, une centrale biomasse de cogénération de type ORC de 13 MW, couplée à un champ solaire photovoltaïque de 1,7 MWc.

Déjà implanté en Lozère, le groupe Neofor mettra en service à partir de 2024 une nouvelle usine de transformation de bois. Pour ce site, l’industriel a souhaité limiter au maximum son impact sur l’environnement, en s’affranchissant notamment des énergies fossiles. « Toute la démarche part d’une conviction profonde que j’ai depuis plusieurs années : il y a une modification importante du paradigme énergétique de l’industrie. Les chocs et conflits avec les enjeux du changement climatique nous obligent, en tant qu’industriel, à mieux réfléchir aux axes de développement de notre activité », explique Jérôme Lescure, président et CEO de Neofor. La future usine de production de panneaux de bois massif multicouches, réalisés à partir de collage de feuilles de bois, disposera donc d’un process industriel 100 % auto-alimenté par des énergies renouvelables et de récupération, grâce à l’utilisation des déchets de production.

Leviers intrinsèques

Pour y parvenir, un pôle énergétique sera construit en parallèle et intégrera une centrale biomasse de cogénération de type ORC ayant une puissance de 13 MW de chaleur et de 1,5 MW d’électricité. « L’architecture du projet repose avant tout sur cette centrale biomasse afin de produire de la chaleur et de l’électricité principalement pour nos usages. Ce projet met en outre en avant les leviers intrinsèques de notre univers de production », précise Jérôme Lescure. Sur un mètre cube de bois entrant dans l’usine pour transformation, une moitié sera destinée à la fabrication de produits nobles, tandis que l’autre, constituée de connexes (écorces, découpes et rebus), servira de combustibles pour alimenter la centrale biomasse. La quantité de coproduits devrait permettre en moyenne de satisfaire tous les besoins du process et même plus.
Afin de répondre à cet équilibre recherché, Engie Solutions, chargée de la conception, la construction, l’exploitation et la maintenance de ce pôle énergétique, a dû étudier différentes options et ensuite arbitrer en intégrant une vision dynamique du fonctionnement de l’installation. « Des simulations ont été réalisées, puis liées à des stratégies d’exploitation tant sur l’approvisionnement en combustible que sur le dimensionnement de l’ORC. L’enjeu pour ce dernier qui dispose de peu de références en France, porte également sur ses garanties d’exploitation et de fiabilité », détaille Rémi Marchand, responsable Réalisation & Travaux Auvergne pour Engie Solutions et chef de projet de ce pôle énergétique.

Quasi-autonome en énergie

Un autre point d’attention a été l’alimentation de cette chaudière unique de 13 MW. Les coproduits issus du process étant composés d’essences variables et présentant des taux d’écorces et d’humidité différents, un système d’automatisation et de stockage de la recette combustible a été mis en place en amont pour appréhender au mieux cette difficulté d’exploitation. Prévue sur cinq années, la montée en charge au régime nominal pourra donc être vue comme une période d’apprentissage aussi bien pour les équipes du process industriel que pour le pôle énergie. « Ce dernier ne peut fonctionner sans l’usine qui fournit le combustible, et l’usine ne peut produire sans le pôle énergie qui alimente en électricité et en chaleur le process », ajoute Rémi Marchand.
Au final, la chaudière biomasse et son unité ORC produiront près de 74 GWh de chaleur renouvelable par an. Une partie sera valorisée en interne pour couvrir entièrement les besoins thermiques du process, et le reste sera revendu à un industriel voisin. La signature du premier contrat de fourniture de chaleur décarbonée est ainsi en bonne voie. À cette chaudière s’ajoutent 8 400 m² de panneaux photovoltaïques (puissance de 1,7 MWc). La production électrique du PV et de l’ORC, respectivement évalué à 2 et 12 GWh/an, fournira la grande partie des besoins du process et une partie excédentaire d’environ 2 GWh/an sera réinjectée dans le réseau public.

Pris en charge par Neofor, le coût de ce pôle énergie est estimé à 20 millions d’euros. Une partie sera financée par le dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE), à travers de fiches d’opérations standardisées et spécifiques. Dans le cadre de France Relance, le groupe industriel, lauréat de l’appel d’offres BCIAT (Biomasse Chaleur Industrie Agriculture et Tertiaire), recevra également une aide financière de l’Ademe pour ce projet vertueux. Ce dernier a enfin reçu un soutien fort des collectivités concernées, en premier lieu de la Région Occitanie. Plus de 80 emplois locaux, essentiellement dans la filière bois, pourraient en effet être créés grâce à cette nouvelle usine.
 

Stockage intersaisonnier : des technologies à développer

29 03 2024
Clément Cygler

Si les systèmes de stockage intersaisonnier de chaleur sont assez connus en Allemagne, aux Pays-Bas ou dans les pays nordiques, ils restent encore beaucoup trop confidentiels sur le territoire français. Pourtant, de par leurs caractéristiques et avantages, ces solutions pourraient facilement trouver leur place. L’Académie des technologies a émis cinq recommandations pour y…

Lire la suite

Deuxième année de baisse pour la consommation de gaz

28 03 2024
Léa Surmaire

Selon GRTgaz, la demande française de gaz a décru sous la barre des 400 TWh en 2023. Les injections de biogaz ont quant à elles atteint 9 TWh et ainsi dépassé les objectifs du Gouvernement.

Lire la suite

Quatre scénarios d’implantation possibles pour l’éolien en mer

26 03 2024
Olivier Mary

France Renouvelables et le Syndicat des énergies renouvelables (Ser) présentent quatre scénarios de planification spatiale des capacités éoliennes en mer d’ici à 2050. Ils montrent comment répartir les futurs parcs au large des côtes françaises. Selon les hypothèses retenues, l’implantation des installations serait très différente.

Lire la suite