La Russie finance sa guerre grâce aux ventes d’énergies fossiles

21 07 2022
Olivier Mary
Geralt/Pixabay

Malgré l’invasion menée en Ukraine et sa mise au ban internationale, la Russie continue d’engranger des revenus substantiels en exportant ses hydrocarbures notamment vers l’Union européenne. Selon un rapport du Crea (Center for Research on Clean Air), ces ressources lui rapportent encore près d’un milliard d’euros par jour.

93 milliards d’euros : telle est la somme perçue par la Russie depuis le début de sa guerre contre l’Ukraine grâce à ses exportations d’hydrocarbures. Sur cent jours, cela fait une moyenne d’un peu moins d’1 Md€ par jour. Ces ventes lui permettent de financer la guerre, dont le coût est évalué à environ 840 millions d’euros chaque jour. Malgré ses condamnations à répétition de l’agression russe et son soutien au gouvernement de Kiev, l’Union européenne reste extrêmement dépendante aux gaz, pétrole et charbon de Moscou. Elle en a acheté pour un total de 57 Md€, selon un rapport* du Center for Research on Clean Air (Crea), un groupe de réflexion à but non lucratif basé à Helsinki qui étudie l’énergie et la pollution de l’air. En attendant de développer les infrastructures pour accueillir plus de gaz naturel liquéfié (GNL), de créer de nouveaux pipelines ou de renforcer les capacités des existants, comme le Trans-Anatolian Natural Gas Pipeline (Tanap) qui la relie à l’Azerbaïdjan, l’Europe manque d’alternatives.

Les plus grands importateurs de combustibles fossiles russes depuis le début de la guerre
Les plus grands importateurs de combustibles fossiles russes depuis le début de la guerre. Source : Crea

Pas de boycott de certaines entreprises

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine, les plus gros importateurs ont été la Chine, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, la Turquie, la Pologne, la France (un des rares pays à avoir accru ses importations) et l’Inde. Néanmoins, le volume des importations a globalement diminué d’environ 15 % en mai par rapport à la période précédant l’invasion, privant l’économie russe d’une recette quotidienne d’environ 200 M€. En effet, de nombreuses entreprises ont privilégié d’autres fournisseurs. Par conséquent, certains pays ont énormément baissé leurs importations. C’est notamment le cas de la Pologne, des États-Unis, de la Lituanie, de la Finlande et de l’Estonie qui ont baissé leur consommation de plus de 50 %. Cependant,les prix étant très élevés actuellement, la Russie peut vendre ses ressources jusqu’à 60 % plus cher que l’année dernière, ce qui compense en partie les pertes. Les ventes de combustibles russes se maintiennent donc pour l’instant, mais cela pourrait ne pas durer. En effet, les industriels locaux du pétrole prospectent des marchés toujours plus éloignés qui nécessitent des moyens de transports par bateau accrus. Il s’agit là d’une vulnérabilité essentielle : des sanctions sévères contre les pétroliers transportant du brut russe limiteraient considérablement les possibilités de dénicher des clients hors d’Europe. 68 % des livraisons de pétrole brut russe vers l’Inde ou le Moyen-Orient sont effectuées par des navires appartenant à des sociétés européennes surtout grecques, britanniques et norvégiennes. Le rapport du Crea s’est également intéressé aux entreprises qui poursuivent leurs achats d’hydrocarbures en Russie. Elles étaient 23 en avril et restaient 15 le mois suivant. Chez les compagnies pétrolières, le Crea a identifié TotalEnergies, Exxon, Shell, Repsol, Lukoil, Neste et Orlen. Les électriciens Taipower, Chubu Electric Power, Tepco et Trieste thermal power plant sont également pointés par le rapport, de même que les industriels Nippon Steel, Posco, Formosa Petrochemical Corporation et JFE Steel. En revanche, certaines entreprises qui avaient reçu plusieurs cargaisons avant mai n’en ont pas acquis au cours de ce mois. Pour autant, le Crea ne sait pas avec certitude si RWE, Kyushu Electric Power, Tohoku Electric Power, Kepco, Hyundai Steel, Sumitomo, Mitsubishi et Enagas ont mis délibérément fi n à leurs achats ou si elles n’avaient tout simplement pas de livraisons prévues à cette période…

* Financing Putin’s war : Fossil fuel imports from Russia in the first 100 days of the invasion

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