Enrobage bitumineux : une valorisation des économies d’énergie impossible ?

29 10 2022
Stockr/Adobe Stock

Matériau rugueux, fruit du malaxage d’un mélange de graviers, de sables et de bitumes, l’enrobé bitumineux a historiquement succédé au goudron pour revêtir la surface du réseau routier français. Plus de 36 millions de tonnes d’enrobés sont produites annuellement sur le territoire national pour restaurer les routes.

La technique principale de fabrication d’enrobés, dite « d’enrobage à chaud », consiste à fabriquer le futur revêtement routier à haute température (aux alentours de 150°C). Le chauffage puis le maintien de cet agglomérat bitumineux à haute température sont évidemment des postes importants de la consommation d’énergie thermique, d’autant plus que celle-ci est généralement produite via un brûleur qui utilise des gaz fossiles.
Il existe cependant d’autres techniques de production d’enrobés nécessitant de fournir moins de chaleur lors du processus de fabrication et lors de l’application. Avec la première, l’enrobé à température abaissée, dit « tiède », la température pour la fabrication est réduite d’environ 30°C par rapport à la technique d’enrobés à chaud détaillée précédemment. Cela représente une économie d’énergie non négligeable sur les postes de production et d’application pour le maintien en température. Autre procédé, l’émulsification ou enrobé dit « à froid ». Cette technique permet aussi une réduction de la facture énergétique du procédé industriel puisque l’émulsion de l’enrobé bitumineux rend superflu le chauffage des matériaux à de très hautes températures, ils deviennent en effet tout aussi maniable à température ambiante lors de la phase d’application.

10 à 45 % d’économie

Bien qu’ayant des caractéristiques et des usages légèrement différents, ces trois familles d’enrobés représentent les différentes solutions existantes pour répondre à un besoin de mise en place d’un revêtement routier. L’idée d’une incitation à la production et la pose d’enrobés moins gourmands en énergie dans le cadre du dispositif des CEE semble alors pertinente. C’est à la demande des acteurs du secteur, qu’une étude d’opportunité a été menée par le Club C2E de l’ATEE. Les premiers résultats obtenus étaient résolument positifs : les économies d’énergie réalisées par rapport à la méthode classique d’enrobés « à chaud », en restreignant les postes de consommation à la seule fabrication du produit, étaient d’environ 12 % pour les enrobés « tièdes » et de plus de 70 % dans le cas des enrobés « à froid ».
En prenant en compte tous les postes de consommation du processus industriel, l’étude conduisait à des économies plus modérées, de respectivement 10 % et 45 %. Des résultats prometteurs qui permettraient via le dispositif des CEE d’espérer une incitation attrayante pour ces méthodes d’enrobage plus économes et notamment pour les enrobés dite « à froid ».

Un dispositif inadapté ?

En France, en 2019, les enrobés chauds représentent plus de 80 % du marché, alors que les enrobés froids, ont une part de marché de 5 %. L’idée serait ainsi de faire basculer le marché à horizon 2030 avec une part nettement plus faible des enrobés chauds, substitués par les enrobés tièdes et froids. Ceci passe par un investissement conséquent pour les producteurs dans le remplacement ou la mise en place de nouveau process.
Afin de permettre une incitation intéressante, il avait été proposé de créer une fiche CEE pour une aide à l’investissement du process sur une durée de vie de trente ans. Cette proposition nouvelle dans le cadre du dispositif fait l’objet de réflexion au sein du ministère. En effet, la situation de référence ne répond pas à l’article R221-16 du code de l’Énergie, qui considère le produit, et donc ici l’enrobé produit et non pas le process industriel de fabrication, comme proposé. En s’appuyant sur une méthodologie conforme au code de l’Énergie, il faudra considérer les économies générées à la tonne d’enrobé produit sur une année, pour calculer une prime de CEE convertible en euros par tonne. Dans ce cas, les premières estimations donnent une aide de 42 centimes d’euros pour une tonne d’enrobé « à froid », vendu à un prix avoisinant les 100 € la tonne…
Cette valorisation peu incitative d’une solution pourtant économe en énergie montre les difficultés actuelles du dispositif des CEE à construire des opérations standardisées industrialisables. Les opérations spécifiques sont sans doute une des solutions pour toucher de nouveaux gisements avec néanmoins, au vu des acteurs du dispositifs CEE, des écueils importants à résoudre (pré validation des dossiers, temps d’instruction, complexité à fi xer une situation de référence…) avant d’être déployées plus largement.

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