En 2023, le jour du dépassement survient (à peine) plus tard que l'an passé

02 08 2023
Léa Surmaire
Global footprint network

Cette année, l'humanité vivra à crédit écologique dès le 2 août selon le think thank Global footprint network. Ce jour du dépassement a reculé de cinq jours par rapport à 2022, en grande partie grâce à un changement de calcul.

Le jour du dépassement, la date à partir de laquelle l’humanité a théoriquement épuisé l’ensemble des ressources que la Terre est en mesure de produire sur une année, a reculé. Il est passé du 28 juillet en 2022 au 2 août en 2023, soit cinq journées de différence. « Les avancées réelles représentent toutefois moins d'un jour. Les quatre restants sont dus à l'intégration d'ensembles de données améliorés dans la nouvelle édition des comptes », relativise le think thank indépendant Global Footprint Network. En effet, il actualise fréquemment sa méthodologie de calcul pour « fournir des résultats solides et transparents ». À chaque ajustement, tous les jours du dépassement depuis 1961 sont réestimés. Celui de 2022 a donc été déplacé au 1er août.

Dans les grandes lignes, pour déterminer cette journée, le think thank compare l’empreinte écologique des pays avec la biocapacité de la planète, c’est-à-dire la surface disponible permettant de produire les ressources et d’en absorber les déchets. Selon ses calculs, au rythme de consommation actuelle, l’humanité a besoin chaque année de 1,7 planète Terre par an.

Un recul à accélérer

La date fatidique stagne. Entre 2010 et 2023, elle n'a avancé que de cinq jours, contre 47 entre 2000 et 2010. Pour Global Footprint Network, difficile de discerner en revanche dans quelle mesure cela est dû au ralentissement économique ou aux efforts de décarbonation. « Nous ne pensons pas qu’il soit de rigueur de se réjouir dans le sens où, pour tenir la feuille de route climatique recommandée par les experts du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) - soit une réduction des émissions mondiales de 43 % d’ici 2030 par rapport à 2010 -, il faudrait parvenir à gagner au moins 19 jours par an sur les sept prochaines années », souligne Jean-Louis Bergey, coordinateur prospective à la Direction exécutive prospective et recherche (Depr) de l'Ademe.

Selon son agence, la situation exige une « prise de conscience générale ». Elle invite tous les Français à notamment raisonner leurs consommations d'énergie, d'eau ou encore de vêtements. En effet, cette année, ces derniers vivent eux à crédit écologique depuis le 5 mai 2023. Si l’ensemble de la planète utilisait autant de ressources, il faudrait 2,86 planètes Terre.

Selon Global Footprint Network, « de simples changements » repousseraient la date fatidique de manière « significative » : l'augmentation de la production d’électricité à faible émission de carbone de 39 % à 75 % de 26 jours par exemple, la réduction de moitié du gaspillage alimentaire de 13 jours ou encore la généralisation de cultures intercalaires d'arbres de 2,1 jours.

Pour rappel, il y a à peine plus de cinquante ans, presque une seule planète suffisait aux besoins mondiaux puisque le jour du dépassement advenait le 29 décembre.

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