Concilier performance énergétique et qualité de l’air intérieur

18 09 2023
Clément Cygler
lightpoet / Adobe Stock

Pas suffisamment reconnu, l’enjeu de la qualité de l’air intérieur ne va cesser de prendre de l’importance. Afin de limiter la présence de polluants dans un environnement clos, des actions sont à mener, en particulier le recours à la ventilation mécanique pour les bâtiments basse consommation. La difficulté est désormais de trouver le bon équilibre entre énergie et santé.

Si la qualité de l’air extérieur est un enjeu environnemental et sanitaire majeur, celle de l’air intérieur l’est tout autant, voire davantage. « L’air à l’intérieur des bâtiments est cinq à sept fois plus pollué qu’à l’extérieur, et c’est une moyenne nationale », indique Claire-Sophie Cœudevez, directrice de Medieco Conseil & Formation, une société de conseil et d’ingénierie de santé dans le cadre bâti et urbain. Les concentrations de polluants (composés organiques volatils (COV), dioxyde de carbone, particules fines, moisissures, etc.) sont en effet plus élevées à l’intérieur des bâtiments que dans l’air extérieur. La faute à un volume de dilution bien évidemment plus faible mais aussi à l’émission de diverses substances à l’intérieur des locaux.
Les facteurs et les sources de polluants sont multiples : les matériaux de construction, les peintures, l’ameublement, les appareils de chauffage, les produits d’entretien, sans oublier l’occupation du lieu avec l’émission de CO2 et d’humidité, ainsi que les pratiques des occupants (tabagisme, cuisine, bricolage ou encore bureautique). L’exposition à ces émissions de polluants, le plus souvent chronique, peut avoir des effets sanitaires variés, avec des conséquences immédiates comme des pathologies du système respiratoire (rhinites ou les bronchites), des maux de tête, de la fatigue, des nausées. Des troubles hormonaux, des maladies cardiovasculaires, voire des cancers peuvent également apparaître sur le long terme. « Entre le domicile, les transports et le travail, le temps passé dans un environnement clos est supérieur à 85 %. La qualité de l’air intérieur (QAI) représente donc un vrai défi, qui est malheureusement encore peu pris en compte », souligne Frédéric Le Guillou, pneumologue et président de l’association Santé respiratoire France. D’autant plus que les objectifs actuels de décarbonation et d’amélioration de l’efficacité du bâti peuvent impacter négativement la QAI.

Ademe

Isolation et ventilation

Lorsque des bâtiments sont construits ou rénovés en BBC, l’étanchéité à l’air et l’isolation sont améliorées afin de limiter les besoins en chauffage. Le renouvellement d’air, le plus souvent dû aux fuites de l’enveloppe, s’en trouve alors diminué ce qui provoque une accumulation de polluants. La mise en place d’un système de ventilation mécanique contrôlée (VMC) ainsi que son bon fonctionnement sont donc primordiaux pour garantir une bonne QAI. Ce qui n’est pas tout à fait le cas aujourd’hui en France.
Selon l’Agence Qualité Construction (AQC), plus d’un tiers des installations de ventilation mécanique présente des débits d’extraction insuffisants en résidentiel. Un constat partagé par l’Association française de la ventilation (AFV) qui observait fin 2021 « que la ventilation, c’était plus de 80 % d’anomalies en rénovation et dans le neuf ». Face à cette situation, l’AFV, l’Ademe et le Plan bâtiment durable ont signé un green deal relatif aux systèmes de ventilation pour une amélioration de la QAI le 27 avril dernier. Cet accord vise ainsi à « définir des mesures destinées à favoriser l’installation, le remplacement, la maintenance et la bonne exploitation des systèmes de ventilation des logements et des bâtiments tertiaires, qu’ils soient individuels ou collectifs, neufs ou rénovés, et ce au regard des enjeux de santé, de maîtrise des consommations d’énergie et de préservation de la qualité des bâtiments ». Cela nécessite notamment d’élaborer des outils et des formations pour aider la montée en compétences des professionnels du bâtiment, de créer une culture de la maintenance ou encore de faire évoluer la réglementation.

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