Comment développer le bioGNV en milieu agricole ?

11 10 2022
Léa Surmaire
Countrypixel/Adobe Stock
D’une centaine de méthaniseurs raccordés au réseau de gaz naturel en 2019, ce chiffre dépasse ce jour les 450 selon les données de l’Open data réseau énergie (Odré).

La plupart des méthaniseurs sont installés en milieu agricole. Le méthane produit, renouvelable, peut être valorisé en biocarburant et vendu en circuit court. Analyse de l’Ademe sur le potentiel de la filière et les actions nécessaires à son accélération.

La production de bioGNV est vouée à augmenter. La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) ambitionne un passage de 2 % de poids lourds neufs roulant au GNV en 2018 à 20 % à l’horizon 2028. Pour accélérer son développement en milieu agricole où se concentrent la majorité des méthaniseurs, les ingénieurs de l’Ademe ont mené une étude, publiée en septembre 2022, sur l’état de la filière, ses potentialités et les pistes d’accompagnement des pouvoirs publics.

D’une centaine de méthaniseurs raccordés au réseau de gaz naturel en 2019, ce chiffre dépasse ce jour les 450 selon les données de l’Open data réseau énergie (Odré). Pour l’instant, seulement 5 % de cette production de biométhane injecté est utilisée en tant que carburant bioGNC. Ce pourcentage devrait croître. Comme les premières unités de méthanisation arriveront au terme de leur contrat d’achat en 2027 (tarif d’achat garanti pour 15 ans), la vente de gaz deviendra moins rentable. Une alternative consiste donc à transformer le gaz en bioGNV. Cette solution est d’autant plus envisageable que le nombre de véhicules roulant au GNV et de stations services le distribuant devraient augmenter.

Rentabilité du bioGNC agricole

Dans son étude, l’Ademe analyse la rentabilité de trois types d’installations. Les seules à être rentables sont les stations GNC raccordées au réseau de gaz (de loin les plus nombreuses), à condition que le prix de revient du carburant soit inférieur au prix de vente. Il faut donc que les porteurs de projets dimensionnent au mieux leurs équipements aux consommations potentielles. Lorsque qu’une station n’est pas raccordée, le GNC est moins compétitif que l’ensemble des autres carburants car il ne bénéficie pas des tarifs d’achat de l’injection. De plus, il n’est pas commercialisable et doit être autoconsommé. Seules des subventions couplées à des prix d’hydrocarbures élevés pourraient justifier de telles installations. C’est aussi le cas pour les stations associées à une méthanisation en cogénération.

En parallèle, les ingénieurs ont réalisé le même calcul avec différents types de véhicules sur une durée de dix ans (investissement et exploitation). Selon leurs chiffres de mai 2021, seuls les véhicules légers bénéficient d’un retour sur investissement positif. Le surcoût pour les tracteurs agricoles reste d’ailleurs très important (40 %) à cause d’un développement encore trop récent. Il peut tomber à 29 % en prenant en compte les subventions ou la possible suppression de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE).

Accélérer le développement de la filière

Pour permettre le développement de la filière, des aides des pouvoirs publics sont donc indispensables. Selon l’Ademe, l’État devrait financer deux types d’aides à l’investissement. Les unes, destinées à l’équipement des stations bioGNV, permettraient d’augmenter l’attractivité du prix de vente à la pompe. Les autres, réservées à l’achat de véhicules, inciteraient les transporteurs à acquérir les véhicules GNC. Aussi, la mise en place d’un prix de vente compétitif fixé et d’un complément de rémunération pour les exploitants des stations permettrait de soutenir leur modèle économique.

Dans ce cadre, les collectivités territoriales ont un rôle à jouer. Elles devraient accompagner la naissance d’écosystèmes de production-distribution-consommation pour mettre en relation les différents acteurs de la filière. En effet, étudier et maximiser le nombre de véhicules approvisionnés dans une station est primordial avant sa construction. Ce coût d’analyse s’élève entre 3 000 et 5 000 euros. L’Ademe propose une prise en charge pour garantir la rentabilité des nouvelles stations.

Pour l’agence, il est aussi important d’accompagner la filière sur le plan R&D (développement et industrialisation de tracteurs agricoles, mise en place d’une filière rétrofit, etc.) et sur le plan réglementaire (rehaussement de la pression de service, modification du règlement R110). Enfin, les auteurs du rapport préconisent une évolution de la législation permettant à tous les contrats cogénération et biométhane une double valorisation et la vente de bioGNC produit à des tiers

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